dimanche 29 janvier 2012

Cabarets et Moulins de Montmartre

De tout temps le vin se consomme chez les meuniers. Dès 1510, la réglementation leur interdit de donner à boire aux gens de la localité où ils sont installés, ne devant servir que passants et voyageurs. De longue date, le peuple se réunit dans les moulins que Georges Michel (1763-1843)surnommé Georges de Montmartre, aurait été le premier à peindre sous les tonnelles entourées de chèvrefeuille, d’épine-vinette, d’aubépine, dans les cabarets ou guinguettes qui en étaient l’annexe obligée pour boire le vin du cru et manger la galette chaude. Si bien que les moulins de Montmartre tenaient moins leur notoriété de leur farine que du cadre qu’ils offraient pour humer  le pot en joyeuse et galante société. « Le clairet du meunier, mieux que les violons, mettait vite en branle cœur, tête et jambes » et le poète François Ponsard écrira que dans ces moulins « s’y froissaient plus de jupons qu’il n’y blutait de farine ».

D’autant que les cafés, cabarets ou tabacs n’existaient pas encore. Il semble que ce soit vers 1640 que le sieur Guinguet eut l’idée de faire jouer du violon dans une taverne. Tant et si bien que la musique fut interdite en ce genre d’établissement. Mais pas dans les moulins. Selon Armand Masson, le moulin de la Galette devient bien joyeux après la tourmente de 1870-1871.

Pierre-Charles Debray fut-il réellement le premier à ouvrir le culte de Terpsichore à sa clientèle ? Cela semble vrai mais il est difficile de l’affirmer. Toujours est-il qu’au début du XVIIIème siècle, les cafés ont la réputation d’être bien fréquentés ; il n’en est pas de même pour les cafés-chantants, les musicos que voltaire ne trouve pas ressembler à « quelque chose d’honnête ».

Indiscutablement l’Art débuta ici par la chanson, le premier chansonnier ayant été Henri de Navarre, avant qu’il ne fut Roi de France.

Nicolas Boileau-Despréaux, avant d’entrer à l’Académie française, fut aussi chansonnier, sans doute prédisposé vers 1650 à la fantaisie par la métairie paternelle de la grande rue de Clignancourt où elle comprenait trois quartiers et demi de vignes. Puis en compagnie de son inséparable ami Claude Lhuillier, dit Chapelle, il sévit dans les guinguettes des Porcherons (9ème)

Un des plus anciens cabarets, à l’angle de la rue des Trois-Frères et de la rue Ravignan, à l’enseigne du Relay de la Butte, fut inauguré par Jean Baptiste Poquelin (Molière), Jean de la Fontaine, Claude Lorrain, Philippe de Champaigne et Nicolas de la Reynie lieutenant général de police.

Dans ces lieux hors de la ville, donc non soumis à la juridiction parisienne, la modicité du prix du petit vin fait que les guinguettes, dont le vocable n’apparaît qu’en 1700, deviennent but de promenades pour les Parisiens.

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