jeudi 9 février 2012

Les Moulins de Montmartre


Il fut une époque où la Butte était couronnée de très nombreux moulins à vent. La légende dit qu’Etienne Marcel fit de l’un d’eux son poste d’observation lorsqu’il vint voir, en juillet 1359, les mouvements des bandes de mercenaires qui ravageaient le nord de Paris. Mais ce n’est qu’une mauvaise interprétation de l’ouvrage de Perrens (Grandes chroniques de France) par Charles Sellier
Le premier moulin, le moulin Vieux apparaît un peu avant 1529. le second moulin ne sera construit qu’en 1622, c’est le moulin du Palais, rebaptisé Bout-à-fin en 1640, puis Blute-fin
La grande époque de construction des moulins se situe entre 1620 et 1673. Sept moulins sont alors édifiés : trois en charpente en bois portant le nom de Palais pour deux d’entre eux et celui des Brouillards pour le troisième. Quatre moulins en pierre, dits : Vieille Tour, Lancette, Petite Tour et Grande ou Grosse Tour. De 1715 à 1775, cinq autres moulins : Chapon, puis Radet, de la Fontaine Saint-Denis, des Prés ou de la Béquille, Neuf, de la Turlure. La Grande Tour et les Brouillards disparurent dans la même période.
Les « vapeurs » concurrencent les moulins à vent et huit seront détruits entre 1828 et 1854. Les Debray créent le dernier moulin dit à Poivre en 1865, qui ferme en 1911.
Deux siècles plus tard, Le Tasse écrivit, en 1570, que les deux choses qui l’avait le plus frappé à Paris étaient les vitraux de Notre-Dame, et les moulins de Montmartre.
Un siècle après, Regnard vanta à son tour ces moulins.
On pouvait, en effet apercevoir au XVIIIè siècle sur le haut de la Butte : le Moulin des Prés, le Moulin-de-la-Fontaine-Saint-Denis, le Moulin-Vieux et le Moulin-Neuf, le Moulin-de-la-Béquille, du nom de la pièce de bois qui servait à orienter les ailes, le Moulin du Vin près du château des Brouillards, la Vieille Tour, tous trois rue Norvins, le Moulin Paradis, la Turlure, la Lancette, la Poivrière et, enfin, le Blute-Fin et le Radet, les deux seuls qui subsistent
Ces moulins avaient différents usages : moudre le blé, presser les vendanges, concasser les matériaux nécessaires aux manufactures. Mais ils étaient aussi un but de promenade dominicale pour les Parisiens. On se rendait à dos d’âne jusqu’au sommet de la Butte en empruntant le Vieux-Chemin (rue Ravignan) ; on choisissait son moulin où on se balançait à l’escarpolette, on y dansait, on y dînait, on y buvait…le soir, plus d’un bonnet s’envolait par-dessus les ailes du moulin.
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Le Moulin de la Galette à Montmartre



 Les deux moulins qui subsistent occupent un tertre assez élevé sur lequel les Romains auraient édifié leur Temple de Mars. Ce sont le Radet, anciennement le  Chapon, situé à l’angle des rue Lepic et Girardon et le Blute-Fin. Le premier viendrait de la Butte Saint-Roch qu’il aurait quitté lors de son l’arasement de la butte en 1636 ; il a changé assez souvent de place du fait des mesures d’alignement avant que la carcasse vide qui le remplace n’ait été édifiée, en 1925, à l’angle ci-dessus indiqué. Le second, construit en 1621, peut-être  à la place d’un moulin du XIIIè siècle tombé en vétusté, est connu sous le nom du Moulin de la Galette. Il a été souvent restauré, toutefois, il a conservé intact son mécanisme intérieur, son escalier, ses meules et le lit du meunier.
Le Blute-fin a été le théâtre d’un événement dramatique. Il appartenait en 1814 à la famille Debray. Le premier d’entre eux, Pierre Debray, arrive de Picardie vers 1750 et devient en 1756 meunier du moulin de la. Lancette, propriété de l’abbaye. Les Debray achetèrent le Blute-Fin lorsque celui-ci fut vendu, en 1792, comme bien national. Le 30 mars 1814, quatre frères Debray et le fils de l’aîné se battirent toute la journée contre les Russes qui, sous la conduite d’un Français le comte de Langeron, émigré passé à la solde du tsar, attaquaient les pentes nord de Montmartre ; trois des frères furent tués pendant les combat. Le soir vint. Une colonne russe, ayant envahi le tertre sur lequel était le moulin, reçut à bout portant une volée de mitraille tirées par les deux pièces de canon commandées par l’aîné des Debray qui avait à cœur de venger ses frères et de défendre son moulin. Les négociation pour l’armistice était alors en cours, peut-être était-il déjà signé. Un officier russe demanda qui venait de tirer, pour toute réponse, l’aîné des Debray le tua d’un coup de revolver. Il fut aussitôt massacré, tandis qu’un cosaque transperçait d’un coup de lance le corps de son jeune fils. Il fut découpé en quatre morceaux que les Russes attachèrent à chacune des ailes du moulin. Pendant la nuit, Mme Debray rassembla dans un sac de farine les 4 tronçons du corps de son mari et l’inhuma au cimetière du Calvaire.
Le fils Debray survécut miraculeusement au coup de lance, mais la légende dit qu’il ne put absorber que du lait le reste de sa vie. On l’appelait en 1833, le « petit père Debray ». Féru de danse, il transforma son moulin en bal public
Cette « légende » est légèrement contredite hélas par les actes de décès, notamment celui de la « veuve » enregistré le 25 octobre 1812

Le Moulin De La Fontaine Saint Denis A Montmartre


A posteriori, il aurait pu être désigné le moulin englouti. En 1723, Henry Fauvet fils achète une terre cultivée en vignes. Son père Henry aussi, avait été le bénéficiaire du tirage au sort qui lui avait donné le moulin de la Petite Tour.
Henry Fauvet fils s’engage, lors de l’acquisition du terrain à y faire construire un moulin à vent, dès l’année suivante. Depuis quatre génération les Fauvet sont meuniers à Montmartre. Henry fait donc bâtir le dixième moulin, au dessus de la fontaine Saint-Denis. Approximativement au 59 de la rue Lepic, au fond de l’impasse Girardon. Dix ans après l’acquisition, son épouse Charlotte Chotard trépasse (en 1733) le laissant inconsolable avec quatre enfants entre 6 et 15 ans.
Il paraît se consoler assez rapidement, puisqu’il a cinq enfant de plus de quatre ans, cinq ans plus tard, ceux de la veuve charcutière qu’il épouse en 1737. en 1740, il préfère les saucisses à la meunerie et loue son moulin à Claude Valentin, puis à Pierre Devaux, mineur dont les parents répondent.
Henry décède en 1750 et ses héritiers conservent le moulin jusqu’en 1765 où il passe aux mains de l’arquebusier du roi Antoine-François Devinau, qui le loue à François Egret, également mineur, et le revend l’année suivante à René Verrier, marchand mercier amateur d’art. deux ans plus tard les biens Verrier sont mis aux enchères. Ils comportent une collection de chef-d’œuvre comparable à un inventaire de musée : Van Dick, Lebrun, Watteau, Van de Velde, Rembrandt, Rubens, Le Nain, Van der Meulen, Boucher, Van Loo, Mignard, Le Titien, Fragonard, Le Bourdon..etc.
Le 28 juillet, le nouveau propriétaire est l’entrepreneur en bâtiment Julien Védy, doyen des architectes de Paris. Deux ans plus tard, le chemin de la Fontaine Saint Denis, seule voie d’accès au moulin, disparaît dans l’effondrement d’une carrière. Six mois après, Julien Védy décède. Nouvelle adjudication déterminant un nouveau propriétaire : Dominique Chazel, marchand de vermicelle. Entre février 83, date d’acquisition et octobre 84, Dominique Chazel meurt. La succession est à nouveau ouverte. Elle échoit à la veuve Catherine Véronique Houbotte qui engage comme meunier Antoine-Augustin Poucheret, époux de la propriétaire de la terre voisine et du moulin des Prés, Véronique Ménessier.
A une date inconnue, aussi étonnant que cela puisse paraître, le moulin disparaît, englouti dans l’effondrement de la carrière. L’écroulement était considéré imminent en 1787. Il n’est pas trace du moulin sur le plan cadastral de 1807-1808

Le Moulin De La Chapelle A Montmartre

Lorsque le 4 janvier 1378, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Charles IV, accompagné de son fils Venceslas et d’un grand nombre de princes, vint rendre visite à Charles V, roi de France, celui-ci vint à sa rencontre. Le contact eut lieu entre la villa de La Chapelle et le Moulin à Vent.
Ce moulin de La Chapelle joua encore son rôle de témoin dans le combat que soutint Jeanne d’Arc, le 3 septembre 1429, lorsqu’elle vint assiéger Paris aux mains des Anglais. Les Vigiles de Charles VII en gardent une trace

Puis le roi vint à Saint-Denys,
Outre en procédant plus avant,
Son ost armée, tira à La Chapelle,
Et de là au moulin à vent,
Où y eut escarmouche belle.

C’est encore à La Chapelle, sur les hauteurs de la Goutte d’Or que, le 11 novembre 1567, Condé et Coligny abandonnent le combat devant les catholiques qui emportent le vieux connétable Anne de Montmorency blessé. Pour les protestants, ce n’était qu’un repli. Le lendemain, sous la conduite d’Andelot, frère de Coligny, leur armée s’avance vers le faubourg de Paris, boutant le feu aux moulins en bois de La Chapelle

Le Moulin A Poivre A Montmartre



C’est le dernier qui ait vécu. Il est installé près du moulin de la Galette, en 1865, par Pierre-Auguste Debray pour broyer des graines afin d’obtenir des pigments, des feuilles d’indigo ou des racines de garance destinés aux industries de la couleur. Il broyait aussi pour les cosmétiques. Il était entouré d’un jardin rustique impénétrable aux yeux des passants, où le peintre Mesplès avait installé son atelier et en plein air Cléo de Mérode y posait nue.
En 1911, l’héritier, Auguste Debray, est contraint de le laisser abattre pour le percement de l’avenue Junot. Cette démolition provoqua un énorme scandale expliquant en partie les réticences lorsqu’il s’agit de supprimer le Radet dont les ailes aujourd’hui demeurent figées à la même place.

Le Moulin De La Grande Tour A Montmartre


A peu de distance du lieu-dit Le Palais, le clos Sacalie est couvert de vignes. A l’une de ses extrémités, la plus proche du Palais, sensiblement entre le 102 rue Lepic et 14-16 rue d’Orchampt, Charles Gonin, chirurgien et acquéreur du vignoble, arrache suffisamment de ceps pour permettre la construction d’un nouveau moulin qui, chronologiquement, serait le septième.
Cependant, en 1643, le permis de construire est refusé au Chirurgien. Ce n’est qu’en 1649 que la capitainerie du Bois de Boulogne et plaines en dépendant donne son accord et que l’abbesse le ratifie.
Les problèmes concernant la terre relèvent de la justice des Dames et elles ont leurs officiers pour y veiller, Boulogne étant leur fief, la capitainerie règle les différends et les accords.
Enfin, en 1650 est édifié un troisième moulin, de pierre et maçonnerie (avec la Vieille Tour et la Petite Tour). Ses dimensions le font baptiser la Grande Tour. Pendant soixante-six ans il sera d’une exemplaire discrétion. Mais, en 1716, les héritiers Gonin le vendent à Jean-Baptiste Lucas et Madeleine Cailleux, son épouse, petite-fille du meunier du moulin Vieux. L’acte de vente n prend effet qu’au 1er janvier 1717 et entraîne le versement d’une rente perpétuelle. Ne pouvant acquitter la seconde échéance, le meuniers empruntent au boulanger Firmin Delamarre. Il en va de même pour l’échéance suivante. Le créancier devient propriétaire du moulin le 3 juin 1720 et le cède, en 1723, à Antoine de la Forge, qui ne fera pas face à ses engagements.
Le moulin sera saisi le jour même du décès de Delamarre, le 13 décembre 1732. de la Forge contracte un nouvel emprunt auprès du grainetier Pierre Dehérain dont le fils est conseiller et procureur du roi. Antoine réussit à tenir, mal, mais il tient jusqu’en 1741 où le moulin est de nouveau saisi. Le meunier et sa femme Marie Fauvet s’enfuient se réfugier à Grenelle, au moulin des Trois-Cornets, poursuivis pour le non-paiement de la rente. Il n’est plus d’amateur pour la Grosse Tour qui tombe en ruine et ses soubassements servent de repaire à « la pire engeance de brigands »
Après le décès de Laforge et Marie Fauvet, les enfants ne réclament pas un maudit héritage de dettes et de ruines, et le commissaire général du baillage de l’abbaye royale de Montmartre en réclame la démolition, le 4 avril 1758. L’exécution suivra.

Le Moulin De La Lancette A Montmartre


D’un point de vue chronologique, le quatrième du haut de la Butte. C’est une grosse tour en pierre derrière le clos des Dames, en bordure du chemin feuillu de la Fontenelle (rue Chevalier de la Barre). Son nom de baptême est dû à la profession de son propriétaire, le chirurgien Pierre Hié ; son édification, de 1635. ses quarante premières années ne laissent pas de traces. En 1673, il est donné à bail à Hugues Godin qui ne s’entend pas avec le chirurgien et va s’occuper du moulin de la Tour des Dames (9è)
Trois ans plus tard, le médicastre, soucieux du repos de son âme, lègue tous ses bien aux Dames en échange du salut éternel et d’un doux confort pour ses vieux jours. Le seul moulin que les Bénédictines possèderont sur la hauteur.
Bien sûr, elles le donnent à bail. Mais il ne fera pas parler de lui. Point de faits divers, point de scandale, un brave petit moulin faisant son métier de réduire blé en farine.
Jusqu’à ce jour de 1737 où « nous retiendrons le nom de Jean Garreau, oncle de cette Catherine Blanchard que devait épouser Pierre Debray », qui deviendra propriétaire du moulin et fera construire celui de la Turlure « à deux pas et au-dessus ». seconde intervention protectionniste du site : en 1769, les religieuses poursuivent un certain Legrand, brandisseur de mirifiques projets d’embellissement. Les Dames craignent des constructions ou plantations venant prendre le vent de leur moulin. Et l’autorité les approuve en interdisant murs, bâtiments ou arbres dépassant 20 pieds (environ 7 mètres) « afin de ne pas priver le moulin d’une partie du vent qui lui est nécessaire ».
Pierre Debray défunt, le bail passe à Pierre-Charles de la Forge en 1779. Mais avec la révolution, ce bail sera délivré par la municipalité de Montmartre. Devenu Laforge, il obtient l’adjudication le 3 septembre 1792. Mais dix ans plus tard, le nouveau propriétaire en est le commissaire délégué à l’Intendance, Jean Christophe qui fera bâtir Château Rouge, et dont le neveu est Jean Feutrier. Son héritage relève de l’histoire des carrières.
L’exploitation intensive de ces carrières met le moulin de la Lancette en péril et sa démolition, ordonnée en 1816, prouve qu’il n’a pas sombré dans un éboulis neuf ans plus tôt. Vingt-trois ans plus tard, il se construit à son emplacement la tour Solférino, au sommet de laquelle sera installé un restaurant, le premier restaurant panoramique.

Le Moulin De La Petite Tour A Montmartre


Situé au  85 87 rue Lepic et 21 rue Norvins

François Gauthier fait construire son second moulin sur la terre acquise près du premier. Au lieu-dit le Palais, la Petite Tour, sixième moulin chronologique, s’élève donc en 1647. Jusqu’à 1710, son existence est liée à celle de la Vieille Tour. Pour départager les héritiers qui ne s’accordent pas, les deux moulins sont tirés au sort par un roué notaire, de façon originale. Ce sera la main du premier gamin rencontré qui plongera dans le chapeau. Et la main du jeune Zacario Bourdin donnera le moulin à Henry Fauvet et Anne Deloël, son épouse.
Exploité par des meuniers non-propriétaires, le moulin subira toutes les turpitudes successorales jusqu’à son acquisition par Blondel d’Orville, faiseur de dettes et beau parleur sommé de se présenter devant le Prévôt des Marchands pour des problèmes de fisc, dans les trois jours, mais convoqué…dix-huit mois après son décès. Les successeurs exploitants seront une série de meunières convertissant leurs époux au métier, mais toujours en locataires. Jusqu’à ce que les Péchinat obtiennent l’apurement de leurs dettes. Ils traverseront la période révolutionnaire sans dommage, à l’exception d’une pénurie de blé en 1795, empêchant le seul boulanger du village de 800 habitants de pétrir. Avec l’Empire, ils atteindront l’aisance et enfin la propriété du moulin, le 26 novembre 1806.
Sous la Restauration, les affaires périclitent et le moulin, en 1824, passe entre les mains de Joseph Rollin, mari de la petite fille de Péchinat, Marie-Ange Chevreux; ce qui explique la nouvelle dénomination : la tour à Rollin, ou moulin Rollin. En 1854, nouveau propriétaire : le gendre de Joseph. C’est l’arrêt de mort. Les pierres de la démolition vont servir à surélever un pavillon de la rue des Moulins (rue Norvins).

Le Moulin De La Turlure A Montmartre


Le dernier moulin du XVIIIe siècle à la vie si brève que certains en ont douté. Le terrain est acheté par Pierre Debray et son épouse, fondateurs de la dynastie des meuniers aux seize quartiers de farine, en 1769, l’année de la naissance de Napoléon. Encore est-il précisé l’interdiction de fouiller ou faire fouiller le sous-sol sans permission spéciale, sous peine de confiscation.
Sans doute les époux l’exploitèrent-ils, jusqu’à 1795, où la veuve le fait mettre en adjudication, soumise par Pierre-Charles Debray pour le compte de l’architecte François Piron et e l’orfèvre Pierre-Joseph Dehanne. Et depuis, plus de nouvelle. Le moulin semble s’être évaporé. Quelques textes, dès 1828, signalent le terrain de ce lieu-dit de la Turlure où « s’élevait un moulin démoli depuis ».

Le Moulin De La Vieille Tour A Montmartre


Le troisième moulin chronologiquement construit est le premier à être édifié en pierre, par François Gauthier, maître charpentier sur la place et lieu-dit du Palais, l’ancienne place des fêtes du village. Les Dames de Montmartre, qui en sont propriétaires, le lui « baillent à rente » le 14 octobre 1622 pour y « construire, bâtir et édifier un moulin  à vent »
Il s’élèvera au printemps suivant. Ce moulin de la Vieille Tour serait situé entre le 80 à 93 rue Lepic et les 15-17 rue Norvins, dominant avec ses deux voisins, le moulin Vieux et le Blute-à-fin la crête de ce qui sera l’arrondissement, rythmant de leurs ailes la vie du village. Et les affaires du charpentier Gauthier, qui a sûrement affermé, marchent bien. Si bien qu’il acquiert, en 1647, un terrain adjacent, chemin de la Fontaine-Saint-Denis ( (85-87 rue Lepic) et chemin du Fief de la Fosse (2-4 rue Girardon) appartenant à la fabrique. Il y fera construire le moulin de la Petite Tour.
Des nombreux démêlés de propriétés qui en résultèrent avec les héritiers apparaît la première limitation de hauteur des constructions sur la Butte, lorsque l’achat de l’une des deux maisons contiguës au moulin de la Vieille Tour, réalisé par Jacques, Jean-Baptiste Ménessier en 1787, stipule qu’elle ne pourra pas être élevée de plus de neuf pieds de hauteur (3m environ) , réserve « qui devra être obligatoirement incluse dans tout acte de vente future. »

Le Moulin Des Brouillards A Montmartre

Son appellation de moulin du Vin doit peut-être expliquer sa désignation de moulin des Brouillards issus de « beuveries » et non de marais.
Si sa date de naissance est inconnue de façon précise, son existence est avérée en 1673. son premier propriétaire aussi, qui le lègue à son fils Jacques Gonin par testament de 1692. Aurait-il été construit par le propriétaire de la Grosse Tour ? quoiqu’il en soit, Jacques, comme son père Charles est également chirurgien.
Sa femme, Denise Boucher, fait saisir le moulin par suite de sentence en séparation rendue au Châtelet en 1695, en restitution de sa dot partie en fumée. Muettes sont les ailes du moulin. En 1743, une saisie sur Jean-Baptiste et Madeleine Cailleux, ceux du moulin de la Grande Tour, fait passer le moulin des Brouillards (aussi dénommé du Bust) entre les mains de Bathélémy Le Tellier, qui acquiert ensuite plusieurs terres adjacentes et couvertes de vignes. La meunière est Denise Maillard qui donnera ses soins à la belle-mère mourante du propriétaire.
Barthélémy meurt en 1764. Huit ans plus tard, le moulin est en ruines. Mis en vente par la succession, il se trouve un acquéreur : maître Legrand-Ducampjean, propriétaire depuis trois ans de la Petite Tour. Ce qui l’intéresse, c’est la superficie du terrain de sept mille mètres carrés. Dans ce vaste parc il va faire construire le château des Brouillards

Le Moulin Des Prés Ou De La Béquille A Montmartre

Il semble que le même moulin ait eu ces deux désignations et que, contrairement à ce que certains historiens ont écrit, il ne s’agit pas de deux moulins distincts.
Afin de pouvoir orienter les ailes pour bien prendre le vent, la tour du moulin pivote sur le socle. La rotation est obtenue à l’aide d’une perche, crochée sur le bois de la tour dans le cas de charpente, ou sur le toit pivotant lorsqu’il s’agit de maçonnerie. Cette perche, c’est la béquille. Par conséquent, chaque moulin possède la sienne et elle ne saurait être une caractéristique particulière.
En 1724, sur l’emplacement de l’actuelle villa Léandre, Nicolas Ménessier, meunier des Batignolles et propriétaire du Bloute-à-fin, construit en charpente le onzième moulin. La fontaine Saint-Denis lui est mitoyenne comme pour le moulin du même nom.
L’année suivante, ce moulin des Prés est loué à Jean-Jacques Devaux, fils du meunier du moulin Vieux. Le moulin ne fait plus parler de lui avant 1780, lorsqu’il vient ajouter à la dot de la petite-fille du constructeur, Véronique-Victoire Ménesier, qui en confie l’exploitation à Pierre-Charles Debray. L’effondrement du chemin de la Fontaine, cette année-là, condamne son accès comme pour le moulin voisin.
L’acte de succession donne l’entrée par les terres de l’autre mitoyen, le Blute-à-fin, appartenant alors à la famille Ménessier. Ceux du moulin de la Fontaine Saint-Denis réclamaient le passage par les terres du moulin des Prés. Mais Véronique épouse le boulanger Antoine-Augustin Poucheret qui entreprend de rompre le contrat avec le meunier Debray. Pierre-Charles, loin de se laisser faire, se retourne vers la justice qui lui donne raison. Poucheret entre alors au moulin de la Fontaine Saint-Denis. En 1793, le meunier Debray quitte le moulin des Prés. Son propriétaire, redevenu boulanger, signe le bail de location à Guillaume Thomas.
Véronique meurt en 1798, Poucheret en 1822. L’acte de succession indique que le moulin des Prés n’est plus exploité.
Belhomme et Tourlaque se portent acquéreur des maisons et constructions restantes. Les moulins disparus, les carrières continuent

Le Moulin Du Palais A Montmartre


 Situé entre la rue Lepic et le n° 11 de l’avenue Junot
Il s’agit, pour la commune de Montmartre, de rembourser un prêt contracté en 1636, au terme duquel « les habitants et la fabrique reconnaissent devoir la somme de 600 livres tournois à Pierre de la Planche », emprunt destiné à l’équipement d’hommes envoyés à l’armée du roi.
La moitié de la dette est remboursée deux ans plus tard. Pour se libérer totalement, Montmartre n’a qu’une solution ; vendre un lopin de terre.
La nécessité du consentement de tous déclenche un vote d’approbation du projet aboutissant à la vente, à Nicolas Le Tellier, d’un terrain adjacent à celui de la vieille tour, au lieu-dit Le Palais, ou le temple de Mercure (avant la folie Sandrin). Ainsi sera construit sur socle de maçonnerie un moulin de bois.
Chronologiquement le cinquième. Son propriétaire, Nicolas Le Tellier, est alors en cours d’acquisition du moulin voisin, le Vieux. Et il en acquerra d’autres, avant de mourir vers 1678.
Succession qui pose d’autant plus de problème que la charpente est pourrie. La veuve vend donc à Lopineau qui, en 1717, revend au meunier Jean Le Normand. Le nouveau propriétaire abat les bois, et sur le socle reconstruit le moulin, qui marche bien. Dix ans plus tard, un nouvel héritier, le fils, prend la succession en 1728. Sa veuve fera des dettes, empruntera et les six enfants braderont les parts que Madeleine Mésennier et son époux, Pierre bourgeois, vont acquérir aux trois quart, de 1769 à 1784. La quatrième part finira entre les mains de Jean-Jacques Mésennier, déjà propriétaire d’une bâtisse près e la Vieille Tour (1784).
Sa succession, en 1795, en fera passer l’exploitation à Nicolas Debray et Marguerite Lescuyer, son épouse. Pour peu de temps, puisqu’en 1809 Nicolas devra c »der la place au nouveau propriétaire depuis neuf ans, Claude-Philippe Fauvet. Et comme bien d’autres, le moulin du Palais disparaît vers 1829, sans avoir plus jamais fait parler de lui.
Ce sera sensiblement sur son emplacement que s’élèvera le nouveau réservoir, édifié en 1835, avant d’être supplanté par celui de l’architecte Diet.
La première mention attestée d’un moulin date de 1529, et selon André Maillard (bulletin du vieux Montmartre) il s’agirait du Moulin du Palais, qui prit le nom de moulin Vieux du  Palais à la construction d’un autre moulin du Palais en 1621 et subsista jusqu’en 1860 sous le nom de Moulin Vieux tout cours.
Sur une gravure de 1607 représentant une vue panoramique de Paris, la colline de Montmartre ne porte encore que ce seul moulin.

Le Moulin Neuf A Montmartre



En 1719, Marie-Anne Pérignon, nouvelle propriétaire du moulin Vieux, en confie l’exploitation à la veuve du précédent meunier, Gratienne Béguin, qui espère que son gendre pourra prendre la relève.
Jean Devaux exploite alors un moulin en mauvais état, de mauvais rendement, mais dont il ne pourra se porter acquéreur qu’en 1741, pour cinq cents livres comptant et 10.000en viager.
Le terrain est grand et Jean-Jacques, fils de Jean, entreprend immédiatement la construction d’un second moulin dont les revenus permettront de payer la rente du premier. Il est construit à l’ouest du précédent, au 63rue Lepic, en charpente, sur socle de maçonnerie. Jean-Jacques obtient l’exploitation du sous-sol des deux moulins, en carrière à plâtre.
D’une seule pièce encore en 1812, la propriété est divisée en deux parties par la nouvelle route de Paris à Montmartre (rue Lepic). En 1824, le moulin Neuf tombe, comme le Vieux, chez les Debray. Il disparaît en 1853.
Derrière la façade de cet immeuble du 63 de la rue Lepic, un petit bâtiment s’élève sur un terre-plein, qui est peut-être l’emplacement de la base de ce moulin Neuf.
Lorsque les tribulations de la Seconde Guerre mondiale provoquèrent l’exode vers le sud, un compositeur charentais Joe Jekyll quitta cette maison pour s’en aller au Cambodge où il devint chef de la musique royale et composa l’hymne national. Puis un jour, il revint et réintégra sa maisonnette quelques temps avant de la louer à un jeune compositeur, Michel Magne, tandis que Joe se repliait dans un appartement de l’immeuble sur rue.

Le Radet Ou Moulin Chapon à Montmartre


En 1717, François Chapon, le meunier au mauvais caractère, a perdu sa fonction au Bout-à-fin depuis huit ans. Il acquiert la terre entre le chemin de l’église, le chemin de Saint-Ouen, Friche-la-Fosse et le chemin du Bust et complète son terrain d’une nouvelle parcelle en 1720. sa femme, Madeleine Lucas est de la famille des meuniers qui ont mené les moulins de la Grande Tour et des Brouillards à la faillite.
C’est sur ce terrain que François installe le moulin Chapon. L’a-t-il fait construire ou transférer depuis la butte Saint Roch, surnommée elle aussi la butte aux Moulins ? Pour l’instant les archives ne révèlent rien, bien que l’on sache qu’il fut déménagé vers Montmartre. La date de son arrivée n’est pas connue avec exactitude : entre 1717 et 1721.
Vingt ans après, en 1744, Madeleine, veuve, voit saisir son moulin. Le capitaine d’infanterie Jacques Pacatelin de Rochebrune en est l’adjudicataire. Il en fait cadeau à Elisabeth Toutin (ou Cousin), légataire universelle. Elle se marie en 1757 avec Etienne Jacquet qui en devient propriétaire. Du même coup, le moulin Chapon est baptisé Radet. Veuf, Jacquet vend trente ans plus tard, à Jacques Jean-Baptiste Ménessier, qui possède déjà une part du moulin du Palais et le Bout-à-fin.
Les éboulements voisins lui donnaient à craindre. Il y installe Pierre-Charles Debray. L’héritage de son beau-père lui permet de réaliser l’acquisition du Radet et de s’y installer jusqu’à sa mort, en 1795. Sa veuve partage la succession avec Louis-Philippe Leguillon, son second mari, auquel elle apporte en sus ses parts du Blute-à-fin et du Palais.
Le meunier exploitant est Claude-Philippe Fauvet. En 1812, Nicolas-Charles Debray, déjà propriétaire du Blute-fin, achète le Radet « en état de vétusté et dépérissement ». Une nouvelle protection est prise pour empêcher la venderesse et ses héritiers d’élever ses maisons d’un premier étage.
Le Radet ne blutte plus, il moud des oignons et des grains pour la parfumerie. Puis, en 1834, son propriétaire décide de le rapprocher du Blute-fin en le démontant pièce à pièce pour le reconstruire à l’intérieur du clos de sa ferme, à l’angle des rues Lepic et Girardon où il se trouve toujours. Ce qui est réalisé avant le 1er janvier 1835

Le Radet Ou Moulin De La Galette à Montmartre



Bientôt, les dimanches et jours de fête, passants et voyageurs peuvent venir boire le lait de la ferme ou le sacali, tout en dégustant les galettes chaudes et croquantes :

On y fait danser la galette

Et les bonnets et la vertu

Par-dessus le pignon pointu

Du vieux moulin de la Galette


Chantera au cabaret du Chat Noir, Armand Messon.

En 1841, le Blute-Fin est loué au fils aîné de Pierre Charles, le second fils, continuant le Radet moulin de la Galette. A son décès, sept ans plus tard, ces dispositions ne sont pas modifiées jusqu’à la mort des deux frères, en 1879.

Les deux moulins arrivent donc entre les mains de la cinquième génération Debray, avec Pierre-Auguste. La meunerie a pratiquement laissé la place à la minoterie. Le moulin de la Galette va moudre sa musique à danser au Blute-Fin. L’enseigne change de place. Le Radet est condamné. Pierre-Auguste veut l’abattre. La population montmartroise s’y oppose. Il pourrait accepter un transfert. Aucune solution n’est trouvée avant son décès. Son héritier, Auguste-François, né en 1879, aménage le Blute-Fin qui va devenir Le Point-de-Vue. Son amitié avec l’historien André Maillard et avec Poulbot l’a incité à adhérer à la société Le vieux Montmartre. Il lui fait don, en 1915, du Radet….à condition qu’elle le transporte ailleurs. Ce qui ne sera jamais réalisé.

Il n’y a guère alors que les trois derniers moulins sur la Butte.

Le Vieux Moulin à Montmartre



Pourquoi n'a-t-on conservé qu'un seul moulin sur tous ceux qui firent la richesse de Montmartre? Sûrement parce que les propriétaires ne pensaient pas qu'un jour il y aurait un tel engouement pour leurs moulins, ni pour cette campagne qu'était Montmartre aux portes de Paris, un Montmartre totalement ignoré des Parisiens jusqu'au jour où...par on ne sait quel mystère, ce fut la ruée sur la butte. voici l'histoire -bien courte - du premier moulin de Montmartre:
Le premier moulin implanté sur la crête, dont l’existence n’est révélée qu’en 1529, est acquis en 1585 par le sieur Ligier, seigneur de Montmartre, et donné à bail à Marin Guignard, meunier. Il en deviendra propriétaire…en 1616. il pourrait être situé au jardin carré du hameau des artistes, sur le passage privé reliant le 11 de l’avenue Junot au 75 de la rue Lepic. A partir de 1642, à la mort de Guignard, les propriétaires se succèdent. Le terrain assez vaste va permettre la construction d’un autre moulin, le douzième chronologiquement.
En 1824, ce « Vieux » passe sous le contrôle de la dynastie Debray et en 1850 sous la pioche des démolisseurs. En plus de trois siècles d’existence, il aura assuré son rôle sans, semble-t-il s’être mêlé d’autre chose que faire de blé farine.

Les Moulins De La Goutte D’Or à Montmartre

A la Goutte d’Or, le moulin Fauvet (rue des Gardes) était de pierre, fortifié par l’armée royale d’un fossé et d’une palissade. Il était tenu par le capitaine Guerry dont la résistance acharnée fit battre en retraite d’Andelot. Fait d’armes qui fit beaucoup d’honneur au capitaine et dénommer le moulin de son patronyme. Le moulin Guerry est aussi connu sous la désignation de moulin Noir.
Cette bataille de Saint-Denis qui se conclut par le retrait des protestants coûta la vie au Connétable, lequel « reçut d’un écossais une pistolade dedans les reins et mourut de la septième blessure en cette septième bataille âgé d’onze fois sept ans. Cette mort apporta une autre « petite paix que l’on nomma la paix fourée, qui ne dura que six mois ». Elle eut aussi pour spectateur, aux côtés du Roi, le chambrier du Grand Turc, ce qui fit écrire à Agrippa d’Aubigné : « ce qui a été jugé une imprudence de laisser voir à cet ambassadeur un roi, que son maître tient pour le plus grand des chrétiens, avoir des sujets qui osent présenter des batailles sous sa moustache. »
Cependant l’honorable spectateur se serait écrié par deux fois : « oh si le grand seigneur avait deux mille hommes de même que ces blancs pour mettre à la tête de chacune de ses armées, l’univers ne lui durerait que deux ans ! »
Ce qui par ailleurs fit répondre au roi par le maréchal de Vieilleville que la bataille avait été gagnée « par le roi d’Espagne ; car il y est mort d’une part et d’autre tant de valeureux seigneurs, si grand nombre de noblesse, de vaillants capitaines et de braves soldats, tous de la nation française, qu’ils étaient suffisants pour conquestrer la Flandre et les Pays-Bas, et les réincorporer à votre couronne de laquelle ils sont autrefois sortis. »
La Goutte d’Or, aux cinq moulins, possèdera donc, outre le moulin Noir, quatre autre moulins : l’un, chemin des Couronnes (rue Polonceau) dit des Couronnes, le Grand Moulin, le Petit et le moulin Neuf, tous trois dans la censive des pères de la mission Saint-Lazare « dont l’enclos leur faisait vis à vis ». Un acte passé entre les trois frères Laforge déclare un puits du XIIIe siècle commun à ces trois moulins.
Aujourd’hui, il ne reste plus dans le 18è que deux moulins, et un faux, sur tous ceux qui s’implantèrent sur la colline, cœur de l’arrondissement. Ils ont tous été l’objet de patientes recherches d’un grand érudit, André Millard, amoureux de Montmartre, hélas disparu et dont la veuve, « d’une plume pertinente, éclairée et alerte » a rédigé le fruit des travaux de son époux. Les Moulins de Montmartre et leurs meuniers fait le point sur l’histoire de chacun d’eux, que publia la société d’histoire et d’archéologie Le Vieux Montmartre. Un seul, le moulin Paradis n’y trouve pas place, pourtant cité sans autre commentaire par un historien plus ancien, Charles Sellier, qui fut conservateur du musée Carnavalet. Aurait-il, ce moulin englouti dans un affaissement de terrain, quelque chose à voir avec cet hôtel du même nom qui jouxta le Bateau Lavoir

Le Moulin De La Galette à Montmartre



Créé pendant la Restauration, le Moulin de la Galette gardera, à toutes époques, des caractères différents de ceux des bals du bas de Montmartre, une fidélité à ses habitudes, à des images, qui s’explique par l’éloignement, l’altitude, par certaines traditions locales de plaisir, par la présence et la vigilance de la jeunesse du vieux Montmartre, née dans les rues voisines, unie par des liens de camaraderie et n’hésitant pas à défendre ses droits, c’est à dire, aussi ses filles
 Quand Picasso s’installe à Paris, ce n’est pas le Moulin Rouge qui l’attire, mais le Moulin de la Galette. Peut-être simplement parce que celui-ci se trouve à une portée de pierre de la rue Gabrielle où il habite, et que les consommations y sont moins coûteuses. Au Moulin de la galette l’ambiance  est aussi plus décontractée, plus authentique; les viveurs parisiens n’y montent pas et la clientèle est plus populaire. Cela explique que le premier tableau qu’il exécute à Montmartre soit un pastel représentant les danseurs du Moulin de la Galette. Les personnages se détachent, violemment colorés, sur un fond sombre ponctué par les globes lumineux du gaz. Peinture que les fauves, cinq ans plus tard, ne renieraient pas.

Premier Banquet le 9 juillet 1847 à Montmartre

9 juillet 1847: inauguration de la "campagne des banquets" par les opposants au régime de Louis-Philippe

Durant les années 1846-1847, des scandales éclaboussèrent le régime de Louis-Philippe: affaires de corruption (Teste-Cubières), assassinat de la duchesse de Praslin etc. Mais c'est surtout le refus de la réforme parlementaire et électorale (on demandait non pas le suffrage universel mais un abaissement du cens) qui dressa contre Guizot bourgeois et intellectuels.
Enfin, l'augmentation du coût de la vie et la misère de la classe ouvrière accrurent l'impopularité du gouvernement. L'opposition s'empressa d'exploiter ce mécontentement. La maladresse de Guizot et de Louis-Philippe, devenu, avec l'âge, plus intransigeant, fit le reste.
 Les réunions publiques étant interdites, l'opposition imagina une campagne de banquets pour diffuser ses idées: le premier eut lieu le 9 juillet 1847 dans le jardin du Château-Rouge, à Montmartre, et réunit 86 députés et 1.200 convives.
De plus en plus inquiet par la teneur de ces banquets, le gouvernement interdit le grand banquet de clôture prévu pour le 22 février 1848. Les organisateurs se soumirent mais des manifestations éclatèrent dans les rues au cri de "A bas Guizot!". Quelques barricades s'élevèrent.
Le lendemain, le gouvernement décida de mobiliser la garde nationale mais les bourgeois qui la composaient se déclarèrent pour les réformes. Atterré, le roi décida de sacrifier Guizot qu'il remplaça par Molé mais trop tard: la Révolution de 1848 était en marche...
En trois jours, la monarchie constitutionnelle allait s'effondrer.